bilan
3. Bilan du travail


Il est approprié à cette étape du travail de faire le point sur le passé, le présent et l'avenir des évolutions techniques concernant la sécurité et l'aérodynamique en Formule 1.

Après près de trente ans de recherche en aérodynamique, suite à d'énormes modifications des voitures, nous pouvons nous demander ce que les ailerons, l'effet de sol ou l'extracteur ont pu apporter à la Formule 1. Les conséquences des recherches se répartissent dans de nombreux secteurs. Premièrement, le travail des aérodynamiciens a eu un impact évident dans le domaine technique. De concert avec d'autres évolutions, les progrès aérodynamiques ont fait en sorte que les voitures sont aujourd'hui beaucoup plus rapides qu'elles ne l'étaient au milieu du XXe siècle. Effectivement, le développement de l'aérodynamique prend place dans la constante recherche de nouvelles façons d'aller plus vite et de dépasser les concurrents.

Par ailleurs, ils ont aussi eu une conséquence souvent oubliée, mais pourtant capitale. Alors que, dans notre société, presque tout est basé sur l'argent, il ne faut pas omettre les impacts financiers. Bien sûr poussées par le désir de vaincre, mais aussi motivées par l'argent, les écuries de Formule 1 se battent pour le championnat des constructeurs depuis 1958 et pour le championnat des pilotes depuis 1950. Depuis l'apparition des logos des commanditaires sur les voitures, la même année que l'apparition des ailerons en Formule 1, une bonne performance dans ces championnats assure un intérêt de la part des commanditaires, ce qui permet à une écurie de survivre et même de s'améliorer. On comprend alors que la motivation des dirigeants d'écurie pour améliorer leurs voitures n'est pas seulement sportive, mais aussi financière. On peut donc affirmer que les écuries qui ont su tirer parti de la science du vent ont pu par le fait même engranger de plus grandes ressources. Dans la même perspective, la FIA a aussi pu compter sur l'évolution en aérodynamique. En effet, ces améliorations ont contribué à faire des voitures de Formule 1 les plus évoluées de toutes, créant ainsi un attrait certain de la part du public. Par conséquent, les revenus énormes provenant des assistances et surtout de la couverture télévisée résultent en partie de la science de l'aérodynamique en perpétuel progrès.

L'évolution de la sécurité, quant à elle, a complètement révolutionné la Formule 1. Alors que les premiers Grands Prix étaient une manifestation spontanée de l'esprit de compétition, où on ne se souciait que de la vitesse, et où le danger de la mort était naturel, les courses d'aujourd'hui sont plus que jamais sécuritaires. On ne compte plus les accidents spectaculaires qui auraient autrefois été fatals pour un pilote, mais qui, grâce aux efforts de la FIA et des pilotes, grâce aux innovations techniques et à la créativité des ingénieurs, sont devenus de simples incidents de course. Prenons pour exemple le tonneau d'Alexander Wurz, à Montréal, en 1998 , ou, plus récemment, l'accident de Jacques Villeneuve à Melbourne, en 2001 . Si ces deux pilotes avaient eu de tels accidents il y a trente ans, on parlerait maintenant d'eux au passé…

Il est important de se demander comment nous pouvons entrevoir le futur en matière d'aérodynamique et de sécurité, car c'est en regardant vers le futur qu'un visionnaire innove.

Du côté de l'aérodynamique, les dirigeants des écuries continueront sans aucun doute à investir massivement dans la recherche de nouvelles techniques pour obtenir plus d'appui en virage tout en réduisant la traînée aérodynamique. Par ailleurs, on verra certainement de nombreux changements de règlements visant à réduire la vitesse des bolides et à favoriser les dépassements. Il y a énormément de possibilités concernant ces évolutions. Par exemple, il est possible que la FIA contraigne les écuries à réduire la déportance aérodynamique au profit de l'adhérence mécanique des pneus. De cette façon, l'adhérence des voitures serait moins compromise lorsque celles-ci se rapprocheraient les unes des autres comme c'est le cas en ce moment. Ainsi, on pourrait réduire la déportance générée par l'aileron avant, rendant possible du même coup les dépassements par aspiration.

D'autre part, depuis les deux accidents mortels de 1994, la sécurité est devenue avec raison une obsession pour la FIA et les pilotes. Dans l'avenir, la sécurité demeurera tout aussi importante en Formule 1. On tentera au maximum de réduire le nombre d'accidents graves, sans toutefois les éliminer totalement. La Formule 1 reste un sport à haut risque et le mieux que l'on puisse faire est de contrôler le plus possible les dangers inhérents à sa pratique. Une chose est sûre cependant. Suite au décès d'un pompier à Monza en 2000 et d'un commissaire de piste à Melbourne, en 2001, des améliorations seront apportées aux circuits afin de les rendre plus sécuritaires pour les individus autour de la piste.

De plus, depuis que l'on sait que l'électronique sera légale en Formule 1 à partir du Grand Prix d'Espagne 2001, on parle de plus en plus d'introduire des systèmes électroniques visant à rendre les courses plus sécuritaires. Par exemple, on évoque la possibilité d'inclure un dispositif de limitation de la vitesse des voitures qui serait appelé à remplacer la voiture de sécurité et les drapeaux. Plus que jamais, l'électronique semble la voie de l'avenir en ce qui a trait à la sécurité.

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© Didier Beaudoin, 2001.